ALCOOLS – Paris, samedi 24 novembre entre 19 et 20h, dans le bus 21.
Les gilets jaunes, quelques incidents techniques et un « accident de personne » ont fortement perturbé la circulation des métros et des bus parisiens. Je découvre néanmoins que le bus 21 pourrait bien faire l’affaire pour m’emmener du 13ème arrondissement vers les Grands Boulevards.
À peine installée, je le remarque. Dans son grand manteau de laine noir, le cou ceint d’une écharpe en tricot rouge, ce jeune et beau ténébreux au regard et à la crinière sombres me fait immédiatement penser à ces artistes en devenir, débarquant plein de rêves et d’espoirs à Paris, nourris de récits de poètes maudits ou autres peintres crève la faim. Dans ma naïveté, je pensais pourtant que cette race, qui était déjà en voie d’extinction lorsque je débarquai moi-même à Paris en 1982, pétrie de l’envie de devenir comédienne, n’aurait pas survécu au monde numérique émergeant alors.
Dans ses mains, pas d’I-phone, mais un ouvrage dont je ne distingue pas le titre.
A l’arrêt Luxembourg, le chauffeur annonce qu’en raison des perturbations, ni lui ni ses collègues n’iront plus loin. Nous devons tous descendre. Le bel éphébe et moi nous exécutons. Zut alors ! Je ne saurais jamais ce qu’il lisait… Maudite curiosité !
C’est à la hauteur de la Sorbonne que je le retrouve pourtant, déambulant en pleine lecture.
Alcools. Guillaume Apollinaire.
Je souris intérieurement en songeant au pouvoir d’évocation d’un manteau noir et d’une écharpe rouge. Plus tard, en y repensant, j’ai presque regretté de ne pas avoir osé le prendre en photo.
Et puis non ! Je suis sûre que vous l’imaginez très bien !
Je vous le propose pour le look de ce dimanche de l’Atelier NM à Martigny.
Il pleut sur Paris ce matin. Je vous souhaite un beau dimanche helvétique !